Suite à plusieurs messages reçus par mail ou sur les réseaux sociaux sur une prétendue connivence entre syndicats et représentants des usagers, quelques précisions semblent s’imposer sur les positions de l’association LUTECE vis-à-vis des conflits sociaux qui affectent nos déplacements depuis le mois de mai.

Tout d’abord, LUTECE réaffirme son indépendance de toute appartenance politique ou syndicale.
Nous n’intervenons pas sur les sujets de politique générale, donc nous n’avons pas vocation à donner notre avis sur « les syndicats » ou sur « le gouvernement » en général, mais uniquement notre position concernant les politiques de transport, et plus généralement, d’aménagement du territoire, toujours dans une optique non-partisane.

Nous pouvons nous associer à des mobilisations cheminotes quand nos revendications sont communes, comme nous l’avons fait lors des conflits portant sur la suppression des chefs de bord ou sur la fermeture des guichets, mais les principales revendications des grèves de ces dernières semaines ne concernent, à notre sens, pas directement les usagers.
Par ces grèves, des cheminots défendent leurs intérêts, c’est un droit constitutionnel.
Notre rôle est de défendre les usagers, et si nous pouvons comprendre les motivations des grévistes (sans pour autant partager totalement leur analyse), nous déplorons les conséquences très lourdes de ce conflit, qui rappelons le, mettent en danger à très court terme les emplois de nombreux salariés qui ne peuvent pas se passer du train. Outre cela, la plupart des usagers qui se déplacent de notre Région vers Paris aux heures de pointe subissent des conditions de transport insoutenables, quotidiennement depuis le 1^er juin, qui ont provoquées plusieurs malaises même en début de matinée.
Le fait que des incidents conduisent, malheureusement bien trop fréquemment, à des situations comparables hors des grèves, ne rend pas les intenses difficultés des usagers, continues depuis le début de ce conflit, plus acceptables ou excusables.
Le chaos provoqué par cette grève ne doit surtout pas nous détourner des sujets de fond (pannes, trains trop courts, desserte insuffisante, etc.), mais les propos de certains, minimisant la souffrance des usagers pendant la grève en affirmant que c’est « comme d’habitude » nous semblent déplacés. D’ailleurs, les trains courts pendant les grèves sont aussi, au moins en partie, des conséquences indirectes des mouvements qui perturbent également la maintenance (déjà loin d’être brillante en temps « normal » !), les acheminements de matériel et les manoeuvres nécessaires à l’utilisation des rames Corail.
Sur ces derniers sujets, la SNCF a néanmoins une marge de manœuvre en améliorant la polyvalence de ses conducteurs et en relocalisant en partie la maintenance des locomotives BB15000R utilisées sur nos rames V2N, actuellement effectuée à Achères dans les Yvelines, afin que les usagers des Hauts-De-France ne soient plus tributaires des acheminements depuis la Région St-Lazare et des nombreuses grèves qui perturbent ces derniers.

Bien entendu, LUTECE condamne fermement et sans ambiguïté les multiples blocages et manifestations sur les voies, qui ont provoqués à plusieurs reprises et sur plusieurs lignes des retards importants alors que le plan de transport était déjà minimaliste.
Nous avons par ailleurs eu la confirmation que les actes de blocages et de sabotages ont fait l’objet de dépôts de plaintes de la part de la SNCF.

Outre la demande de dédommagement plus que légitime, que nous avons co-signée, pour l’ensemble des usagers de la Région, qui est d’ailleurs étudiée par la SNCF, nous avons demandé à plusieurs reprises des aménagements des programmes de circulation (ajouts d’arrêts, cars de substitution…) dont certains ont été acceptés et systématisés.
Nous sommes conscients que tout cela puisse paraître dérisoire, mais la grève cumulée aux défaillances et lourdeurs de la SNCF ne nous laisse pas plus de marge de manœuvre.
Ce que nous souhaitons désormais, c’est que ce conflit interminable soit derrière nous, d’une part pour que chacun puisse souffler un peu, même si le service habituel est, doux euphémisme, loin d’être optimal. D’autre part, afin que la SNCF et la Région soient plus réceptives pour avancer, enfin, sur les sujets de fond.

Bon courage à tous pour cette semaine qui s’annonce, une fois encore, pénible.