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Projet Picardie – Roissy : contribution de LUTECE au débat public

27 février 2020 | Posté par Alexis dans Actualités

La FNAUT Hauts-de-France et l’association LUTECE, membre de la FNAUT, soutiennent la création de la liaison Picardie-Roissy parce qu’elle correspond à un besoin des habitants de notre région, qu’elle participe au développement des transports collectifs du sud des Hauts-de-France et à l’aménagement du territoire. En tant que FNAUT, nous insistons sur le caractère novateur de ce projet dans la mesure il va dans le sens d’un vrai maillage du territoire, qu’il n’est plus question du TGV seul  mais de connexion et d’imbrication entre les réseaux, ce qui doit aboutir à la une valorisation de l’ensemble des lignes (TER et RER), ce qui pour la FNAUT est en quelque sorte la formule de l’avenir. Pour le bassin creillois concrètement, c’est la chance de redonner toute son importance à l’étoile de Creil et à ses 5 branches.

Une liaison TER et TGV :

Loin de tomber dans les travers du « tout-TGV » fréquemment décrié, la nouvelle liaison sera empruntée principalement par des TER. La tarification et la souplesse d’accès de ces trains est particulièrement adaptée aux personnes du sud des Hauts-de-France qui doivent se rendre tous les jours à l’aéroport de Roissy-CDG pour travailler. L’offre en TER devra tenir compte des besoins de l’ensemble des actifs (cadencement depuis tôt le matin et jusque tard le soir) et être judicieusement articulée avec les TGV qui donneront accès à des liaisons sans correspondance.
Un projet innovant que nous soutenons, oui mais … LUTECE se fait l’écho  du questionnement des usagers qui  expriment  des craintes très fortes.
Quelles vont être les conséquences de l’arrivée de ces trains TGV et TER sur la ligne classique Paris-Creil ? Quelle sera la qualité de service des TER Amiens-Paris et St Quentin-Compiègne-Paris ? Il faut rappeler que les usagers qui se rendent à Paris supportent des retards nombreux, des trains surchargés, des pannes et des incidents divers.  Qu’en sera-t-il lorsque, sur ces mêmes voies déjà bien sollicitées, circuleront TER et TGV ? Fera-t-on passer les TGV en priorité et les usagers du réseau classique resteront-ils en rade sur le quai ?  Pour éviter cette situation inacceptable, qui aboutirait non pas à une amélioration du transport ferroviaire mais à une détérioration, des aménagements sont nécessaires entre la ligne nouvelle et Creil, notamment à hauteur de Chantilly.

Des aménagements indispensables :

  •  La construction de voies nouvelles  au niveau de Survilliers :
    La proposition retenue qui dessert Survilliers sur voie dédiée réduit les impacts sur les autres circulations en cas d’incident ou de retard d’un TER Picardie-Roissy et augmente la souplesse dans la définition des horaires. Certes, cette solution est plus coûteuse mais  elle est bien sûr plus intéressante selon le point de vue des usagers puisqu’elle va dans le sens d’une amélioration du transport collectif : moins de retards ou d’incidents et souplesse dans les horaires. C’est pourquoi LUTECE se prononce pour une intégration de cet aménagement dans le programme.
    Cependant, la création d’un tronçon entre la gare de Survilliers-Fosses et la future bifurcation de Marly-la-Ville (prolongement de la nouvelle voie) a été considérée comme « optionnelle » par SNCF Réseau. Or, LUTECE juge nécessaire sa construction dès la mise en service de la liaison Picardie-Roissy, pour au moins 3 raisons :
    — manque de  souplesse d’exploitation de la ligne (risque de ralentissements ou d’arrêts inopinés) ;
    — gaspillage financier dû à des dépenses supplémentaires engagées à terme, en cas de réalisation différée (nouveaux appareils de voie établis au sud de la gare de Survilliers devenant inutiles et bifurcation de Marly-la-Ville devant être profondément remaniée) ;
    — périodes de travaux plus longues et interruptions postérieures de trafic plus nombreuses perturbant le quotidien des voyageurs sur le « barreau » Picardie-Roissy, en cas d’aménagements réalisés après l’ouverture de ce dernier.
  • Deux propositions d’aménagement sur le secteur Chantilly–Orry-la-Ville :
    • Mise à 4 voies de la section Chantilly–Orry-la-Ville : SNCF Réseau a estimé que cette proposition apportait peu en termes de robustesse et a proposé de ne pas la retenir. LUTECE déplore que le projet de  4ème voie entre Chantilly et Orry-la-Ville ait été finalement  abandonné par le gestionnaire d’infrastructure, qui nous objectait l’accumulation de contraintes entre Gonesse et Paris-Nord. Néanmoins, cette proposition serait à terme un facteur d’amélioration de la desserte. C’est pourquoi LUTECE reste favorable à cette construction.
    • Mise à 4 voies de la gare de Chantilly-Gouvieux : La proposition de mise à 4 voies de la gare cantilienne avait été retenue dans le projet, parce qu’elle était jugée nécessaire pour résorber les retards et éviter les arrêts en pleine voie. Pourtant,  SNCF Réseau a prévu de « différer la réalisation » de la 4e voie en gare de Chantilly-Gouvieux, postérieurement à la réalisation du « barreau » Picardie-Roissy.  Comment fera-t-on face au goulot d’étranglement existant dans cette gare, en cas de surcharge de trafic ? LUTECE juge ce retard d’aménagement préjudiciable à la régularité future des trains qui emprunteront la nouvelle ligne ferroviaire.
    Les 2 propositions d’aménagements sur la branche Chantilly–Orry-la-Ville apparaissent bien non pas alternatifs mais complémentaires entre eux, pour assurer la robustesse de la liaison.
  •  L’aménagement de la gare et le renforcement de l’étoile de Creil :
    D’une part, la gare de Creil  est déjà largement sous-dimensionnée et non accessible : hall trop petit, absence de véritable salle d’attente, quais et souterrains imparfaitement rénovés… L’arrivée de nouveaux trains TGV et TER suppose des aménagements conséquents pour faciliter l’accueil et le transit des voyageurs et faire de la gare un pôle multimodal accessible à tous, à l’heure où l’Etat entend faciliter l’accessibilité réelle des lieux publics pour les usagers à mobilité réduite. En tant que représentante  des usagers, LUTECE est inquiète quant à la réalisation des nombreux aménagements nécessaires dans une gare qui n’est pas à la hauteur de son rang de première de l’Oise en termes de nombre de voyageurs.
    D’autre part, les promoteurs du « barreau » Picardie-Roissy vantent les concepts de maillage et de synergie entre les différentes villes du sud des Hauts-de-France. Cette approche est séduisante, mais le constat des usagers au quotidien est plus terre-à-terre :
    — infrastructure ferroviaire vieillissante, malgré les multiples travaux, d’où des pannes fréquentes ;— certaines gares en mauvais état ;
    — lignes secondaires nécessitant d’être redynamisées (comme Creil-Pontoise et Creil-Beauvais) ;
    — dessertes pas toujours adaptées aux  besoins réels des usagers à l’emploi du temps « atypique » (travail en horaire décalé ou le week-end).

Des horaires adaptés et attractifs pour accéder à l’aéroport de Roissy :

Quelles mesures seront prises pour faire évoluer cette situation et pour que cette nouvelle liaison, dont on nous promet beaucoup, soit un véritable succès ? Compte tenu de la spécificité des horaires de travail sur la plate-forme aéroportuaire de Roissy, LUTECE estime nécessaire que l’exploitation future du « barreau » Picardie-Roissy s’effectue avec un cadencement soutenu réalisé dans  des plages horaires de très grande amplitude, pour correspondre aux besoins d’acheminement particuliers des agents travaillant quotidiennement à l’aéroport de Roissy-CDG.En conclusion : La réalisation du « barreau » Picardie-Roissy est beau projet qui va dans le sens du développement des transports collectifs et de la mobilité durable. Mais les usagers sont inquiets quant à sa réalisation, en particulier le choix de certains aménagements ne devrait pas être dicté uniquement par la recherche du moindre coût et par une logique à court-terme.
Le succès de cet aménagement repose en effet sur l’adhésion des futurs usagers concernés, dont les besoins doivent être le plus largement satisfaits en termes de qualité de service. Ce sont tous ces principes que LUTECE essaie de défendre auprès des décideurs afin que le « barreau » Picardie-Roissy devienne un exemple de mobilité durable, qu’il constitue une alternative fiable et performante à la voiture et qu’il contribue ainsi à la lutte contre le changement climatique, si vantée par nos dirigeants actuellement.

17 février 2020

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