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Trains Intercités : on n’a pas fini d’en baver !

24 décembre 2017 | Posté par Alexis dans Actualités

Dans un contexte de service très dégradé, en particulier depuis septembre, nous avons été reçus avec l’association Autan par la direction Intercités Nord/Est pour évoquer les mesures à prendre pour mettre fin aux dysfonctionnements lourds et répétés que subissent les usagers des lignes Paris – Amiens – Boulogne et Paris – St-Quentin – Maubeuge / Cambrai ainsi que l’intégration des trains Intercités à l’offre TER début 2019.
Sur ce sujet et face à nos craintes, notre intelocuteur M. Marquer (responsable qualité) nous affirme qu’aucune réduction budgétaire n’est envisagée pour l’exploitation des IC Nord sur l’année 2018.

Côté organisation, nous apprenons que la Directrice des lignes Intercités Nord/Est ne sera pas présente à la réunion, et pour cause ! Il n’y a tout simplement plus de directrice. La direction IC Nord/Est est en cours de démantèlement et fonctionnera avec un effectif qui se comte sur les doigts d’une main jusqu’à sa disparition complète fin 2018.
Ça s’annonce bien !

Pour rappel, l’exploitation des trains Intercités circulants dans les Hauts-de-France, aujourd’hui gérée (c’est un grand mot) par l’Etat, sera transférée à la Région en 2019.
Le Conseil Régional deviendra donc décisionnaire en ce qui concerne l’offre et la politique commerciale, au même titre que pour les TER.
Les négociations avec l’Etat ont permis à la Région d’obtenir une subvention annuelle couvrant 50% du déficit d’exploitation et du matériel neuf pour remplacer les rames en fin de vie.
Si les rames bi-modes de type « Coradia Liner » qui seront affectées à la relation Paris <> Boulogne ont bien été commandées, la Région est toujours en attente des 250 millions promis par l’ancien gouvernement pour assurer le renouvellement des trains assurant les Paris <> Amiens et Paris <> Saint-Quentin <> Maubeuge / Cambrai !
Il va donc falloir tenir tant bien que mal avec le matériel actuel.

En effet, l’arrivée du Coradia Liner est prévue pour mi-2019 et serait conditionnée par la mise en service du nouvel atelier d’Amiens, dont la construction a été décidée en 2015. La livraison des nouveaux trains à deux niveaux que l’on nous annonce à haut niveau de confort (bien que ne pas comportant de 1ère classe) devant remplacer les Corail est quant à elle repoussée à après 2020 puisque, l’Etat tardant à débloquer le budget promis, la commande n’a pas été passée et le carnet de commandes du constructeur s’est rempli entre-temps. La SNCF évoque désormais l’année 2022 pour la mise en service de ces nouveaux trains !

En attendant, comment sortir de la situation critique que nous vivons sur le plan du matériel ?

Intercités dispose de 142 voitures Corail pour les Hauts-de-France. 14 rames de 9 ou 10 voitures chacune sont nécessaires pour assurer le plan de transport. Les autres restent au centre de maintenance du Landy dans le cadre d’opérations de maintenance préventive ou curative, et peuvent, selon leur disponibilité, être utilisées en tant que matériel de réserve.
Nous avons cependant noté de nombreuses circulations en compositions réduites sur certaines périodes, avec des rames dont la longueur descend parfois à 8 voire 7 voitures, quand elles ne sont pas purement et simplement remplacées par des rames TER, généralement de faible capacité faute de mieux.
M. Marquer explique cela par plusieurs facteurs :
– Le sous-effectif au technicentre du Landy.
En effet, la SNCF ne parviendrait pas à pourvoir durablement tous les postes pourtant budgétisés… Certains des techniciens recrutés avec peine auraient démissionné pour une entreprise qui offre des salaires plus intéressants (et c’est un représentant de la Direction qui le dit) ! Du personnel serait occasionnellement détaché d’autres technicentres pour combler le manque d’effectif.
La saturation du site de maintenance (difficultés pour manœuvrer le matériel), aggravée selon M. Marquer par certains défauts de jeunesse qui perdurent sur des automoteurs TER neufs.

M. Marquer reconnaît également rencontrer des difficultés à maintenir en état les locomotives qui tractent les rames Corail, construites dans les années 75/80 et n’ayant pas bénéficié d’une rénovation importante ces dernières années, ce qui est lourd de conséquence sur la régularité des trains au départ de Paris Nord et sur la fiabilité générale du service.
Il nous semble absolument nécessaire d’affecter une locomotive supplémentaire à nos lignes étant donné que cette situation ne va pas s’arranger… C’est apparemment une possibilité qui est étudiée par la SNCF.

Nous espérions que la rame Corail appartenant à TER, qui assurait notamment un aller-retour quotidien St-Quentin <> Paris jusqu’à son remplacement par une rame V2N, soit reversée à Intercités, mais il n’en sera rien ! Les voitures qui composent cette rame, en limite de parcours, ne seront pas rénovées et seront radiées. Cela risque pose problème puisque cette dernière était souvent utilisée par Intercités en journée sur Paris <> Boulogne.
Intercités a par conséquent revu à la baisse la composition théorique de certains trains, pour lesquelles une 10ème voiture avait obtenu, et qui repasseront en 9 voitures afin d’en disponibiliser et d’améliorer la souplesse d’exploitation en uniformisant les compositions.

Pour finir sur une note plutôt positive, M. Marquer nous a confirmé le remplacement progressif de nos 50 voitures Corail les plus vétustes par des voitures récupérées de la ligne Paris – Belfort rénovées plus récemment, et qui passent en révision avant d’arriver sur nos lignes.
Maigre bonne nouvelle, tout de même !

Il est évident que dans ces conditions, faute d’investissements en temps voulu de l’Etat et de capacité d’adaptation de la SNCF, en termes de maintenance et de dimensionnement du parc, à la vétusté de son matériel, nous ne pouvons que redouter une poursuite de la dégradation continue de la qualité du service.

D’ici le remplacement, sans cesse repoussé mais désormais urgent, des trains Corail, le seul salut semble pouvoir venir du matériel TER (V2N) de réserve libéré par l’arrivée des nouveaux Régio2N, mais à condition que le constructeur parvienne à mettre au point ces derniers rapidement et au prix d’un confort dégradé pour les utilisateurs des Intercités.

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