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Audition de la SNCF au Conseil Régional de Picardie

28 mars 2015 | Posté par Alexis dans Actualités

Les associations et collectifs d’usagers étaient conviés à la session du Conseil Régional du 27/03/2015 durant laquelle la SNCF était auditionnée sur le plan de redressement qu’elle doit mettre en oeuvre.

1° Intervention de Claude Gewerc, Président du Conseil Régional

M. Gewerc qualifie (à juste titre) la situation d’insupportable pour les usagers.
Il rappelle que le cadencement introduit en Picardie au SA2012, contre la volonté de la Région et de la SNCF, a marqué une forte dégradation de la qualité du service.
Les compositions théoriques des trains ne sont pas respectées, 69 TER ont été supprimés sur la ligne Creil – Beauvais depuis sa réouverture.

Il estime que le service ne correspond pas à ce que les Picards sont en droit d’attendre malgré les efforts consentis par la Région (investissement massif dans le matériel et l’infrastructure, développement de l’offre, tarification…), alors que la contribution versée à la SNCF ne cesse d’augmenter.
Le Conseil Régional a fait confiance à la SNCF pour appliquer des mesures lui permettant de maîtriser ses frais de fonctionnement, comme l’EAS sue Beauvais-Paris, mais le service n’est toujours pas redevenu normal au bout de plusieurs mois (Il aurait peut-être fallu faire confiance aux associations d’usagers sur ce sujet !).

 Bien qu’il ne soit pas possible de répondre à toutes les demandes (parfois contradictoires) des usagers, il attend de la SNCF des mesures concrètes pour retrouver une qualité de production correcte, cette dernière étant par ailleurs indispensable au maintien des recettes qui ont baissé de 4% en 2014.

2° Intervention de Alain Le Vern, Directeur général SNCF Régions et Intercités

A. Le Vern commence par présenter les excuses de la SNCF pour le service non tenu et témoigne de l’engagement du CRP pour les usagers en évoquant l’augmentation de l’offre de 40% en 10 ans.

Il reconnaît que son entreprise n’a « pas suffisamment pris la mesure des difficultés ».

  • La saturation du secteur de Paris-Nord
  • Le réseau classique qui a été délaissé nécessite maintenant un programme de travaux soutenu pour endiguer son vieillissement
  • Le parc de matériel a augmenté (sans pour autant permettre d’assurer le service avec une souplesse suffisante) mais le site de maintenance du Landy est saturé
  • Les constructeurs de matériel roulant ont pris jusqu’à un an et demi de retard dans leurs livraisons, ce qui contraint la SNCF à chercher une rame de réserve capacitaire pour pallier ce manque.

Il reste cependant optimiste car des crises de production telles que celle que nous connaissons ont pu être résolues dans d’autres régions.

Un projet de nouveau technicentre à Amiens destiné notamment à l’entretien léger du matériel sera présenté au Conseil Régional.
NB : la construction d’un centre de maintenance adapté au matériel électrique sur le site de Longueau avait déjà été envisagée, mais la Région avait abandonné ce projet en raison du coût… Il s’agira donc peut-être d’une version plus abordable.

Le Directeur annonce un renfort du personnel de maintenance, une accélération du programme d’embauche avant de laisser la parole à Jacky Lion, nouveau directeur région, qui détaillera l’ensemble de ses points et la consistance du plan d’action.

3° Intervention de Jacky Lion, Directeur Régional SNCF NDPC et Picardie

J. Lion développe le plan de redressement en revenant sur les causes des problèmes

  •  Une crise du matériel et un process de production défaillant
    Des points de fragilité sont identifiés :
    – Des difficultés de recrutement en 2014 pour trouver des électriciens qualifiés. 4 ont été embauchés sur les 8 recherchés. Une nouvelle session de recrutement est en cours
    – Des voies du technicentre de Landy sont occupées par de l’ancien matériel en attente d’acheminement et qui est progressivement évacué (!!!)
    – Le dépôt de La Chapelle, qui assurait la maintenance des trains de banlieue mais également le garage de locomotives des trains Corail a été fermé et sera remplacé par… un projet immobilier (!!)Des nouveaux postes de « gestionnaires de suivi du matériel » en 2*8 7j/7 seront créés avant l’été. Les mises à quai des rames sont également retravaillées pour réduire le nombre de mouvements techniques entre la Landy et la gare.
  • Des contraintes liées au Service Annuel 2015.
    – Une règle appliquée depuis le SA2015 imposerait un temps de stationnement maximum de 20 minutes à Paris-Nord, mais des assouplissements sont recherchés. (Déclaration pour le moins étonnante car dans les faits, des nombreuses rames dont celle du TER 18h49 Paris – Compiègne stationnent plus de 20 minutes à Paris, et bien plus encore pour les rames Corail.)
    – Le nombre de crochets courts à Paris (temps entre l’arrivée d’un train et la réutilisation de la rame) a augmenté, certains étant réduits à 6 minutes.
    Affirmation inexacte ! le crocher le plus court au SA2014 était de 8mn, sur deux trains entre 17 et 19h. Depuis le SA2015, le plus court est de 11’. Leur nombre a bien augmenté le matin, essentiellement sur des allers retours Creil-Paris et en fin de soirée, mais a diminué entre 16h et 19h.
    Un travail sur l’utilisation du matériel est en cours pour réduire cette cause de fragilité.
  • Un manque de matériel de réserve
    Dans l’attente de la livraison du matériel à deux niveaux (Régio 2N) commandé par le Conseil Régional, la SNCF cherche à constituer une rame de réserve à partir de voitures libérées par d’autres régions.
    On peut cependant s’interroger sur la faisabilité de cette action : à notre connaissance, aucune région ne souhaite se séparer d’un matériel capacitaire apte à circuler à 160 km/h à ce jour !
  • Des suppressions faute de personnel de conduite
    – Le nombre de conducteurs est insuffisant pour assurer le plan de transport actuel (la SNCF travaille pourtant sur les horaires 2015 depuis plusieurs années !)
    – Les arrêts maladie et demandes de concertations immédiates imposant de rendre disponibles des représentants du personnel, auraient augmenté.
    – La période de solde des congés (que les conducteurs n’ont pas eu la possibilité de prendre avant !) arrivant à son terme le 31 mars, la situation devrait s’améliorer en avril.
    – 10 nouveaux conducteurs vont arriver en avril, 3 en mai, et 15 autres d’ici 2016
  • Des causes liés à des faits de sociétés (plan vigipirate, agressions d’agents…)
    La sécurité dans les trains sera renforcée jusqu’au redressement effectif de la qualité de service.

La SNCF s’engage sur un retour progressif à l’objectif de régularité de 92% fin avril sur Beauvais – Paris et fin juin les axes St-Quentin – Paris et Amiens – Paris. Cette régularité fera l’objet d’un suivi hebdomadaire par le transporteur SNCF Mobilités et le gestionnaire d’infrastructure SNCF Réseau.

Après les interventions des groupes politiques, une réunion était organisée entre A. Le Vern, Jacky Lion et les représentants des usagers qui ont pu échanger et exprimer leurs doléances.

Notre Conclusion

Nous sommes une fois de plus affligés par le manque d’anticipation et l’inertie de la SNCF.
Les mesures annoncées sont cependant encourageantes mais ne suffisent pas à nous rassurer : ce n’est pas le premier plan d’action que l’on nous présente !
Des engagements précis ont été pris, mais leurs effets seront-ils perceptibles durablement par les usagers ? Nous attendons d’en constater les résultats pour en être convaincus, et nous ne manquerons pas de les rappeler à la SNCF le moment venu.

> « Plan d’action » remis par la SNCF

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