Compte rendu de la manifestation à Amiens contre la suppression des contrôleurs et entrevue avec C. Gewerc, Président du Conseil Régional et J.Sanchez, directeur régional SNCF le lundi 8 septembre 2014
Comme nous l’avions annoncé, les associations d’usagers le Railleur picard, Lutèce et la Fnaut Picardie se sont associées à la manifestation organisée par l’intersyndicale des cheminots actuellement en conflit avec la SNCF sur la ligne Beauvais – Paris. En effet nous avons depuis le début protesté contre la suppression des chefs de bord et lancé avec les associations et collectifs une pétition signée par 3900 personnes demandant le maintien de l’accompagnement systématique des trains par au moins un contrôleur.
Un élément de satisfaction : La manifestation a été un succès : environ 300 personnes se sont retrouvées devant le Conseil régional.
– Le porte parole de l’Intersyndicale des cheminots a fait l’historique du conflit et avancé les revendications des conducteurs (maintien du contrôleur afin que le conducteur puisse accomplir ses tâches de conduite en toute sécurité laissant au bord la gestion des voyageurs, refus de revivre la situation chaotique qui avait conduit la SNCF à renforcer durablement ses effectifs…).
– A la suite, Alexis Cosma, Président de Lutèce, s’est exprimé au nom des associations. Il a rappelé que le chef de bord est nécessaire au fonctionnement d’un service sûr, fiable et tenant compte des besoins de prise en charge et d’information des usagers ainsi que la réelle volonté des usagers de conserver des agents dans chaque train, exprimée à travers les signatures de la pétition et la participation aux comités d’étoiles.
Suite à ce rassemblement, C. Gewerc a accepté de recevoir une délégation. Malgré notre demande et notre protestation, il a refusé de recevoir syndicats et usagers en même temps (alors que nous avons la même demande). Nous avons été reçus dans un deuxième temps.
– Résumé de notre entrevue
J. Sanchez, directeur régional SNCF a nié en bloc l’existence d’incidents techniques et d’incivilités sur la ligne Beauvais – Paris depuis le 6 juillet, alors qu’ils ont été clairement documentés par les usagers.
Il a également affirmé que les trains prévus depuis début septembre avaient circulé à l’heure (alors que plusieurs retards importants et suppressions ont été relevés).
Pour lui tout va pour le mieux !
Comment faire confiance à la direction SNCF dans ces conditions ?
Le Président Gewerc s’est retranché derrière la SNCF qui doit régler son conflit avec les cheminots. Il n’est pas possible selon lui de financer davantage le transport ferroviaire qui est déjà le premier poste budgétaire.
Nous avons bien sûr développé nos arguments sur la sécurité des usagers et le service que doit rendre la SNCF au public. En vain. Nous avons également dénoncé la contradiction entre d’une part la lutte contre la fraude qu’entend mener la SNCF et la réduction du nombre de contrôleurs ainsi que la restriction d’ouverture des guichets et la fermeture des gares.
Pour nous, les chefs de bord ne doivent pas êtres uniquement considérés comme une charge mais également comme une source de recettes puisque la vente de titres de transport et la lutte anti-fraude font parti de leurs missions. Or, les calculs de la SNCF ne semblent pas du tout tenir compte de cette réalité.
Devant ce blocage et l’intransigeance de nos interlocuteurs, nous avons demandé au Conseil régional que nous soient communiquées régulièrement toutes les informations sur le suivi de l’expérimentation dont la durée est de 18 mois.
Il est essentiel que le suivi ne soit pas le seul fait de la SNCF dont nous avons pu mesurer encore aujourd‘hui la mauvaise foi.
Nous n’accordons en effet aucune confiance en l’objectivité de l’exploitant sur ce sujet, pour qui la suppression progressive du chef de bord dans les TER est de toute façon une politique nationale, à l’instar de la fermeture des guichets.
Nous allons mettre sur pied avec l’appui des usagers notre propre suivi afin d’avoir des éléments précis à la prochaine rencontre.
Notre objectif reste le retrait pur et simple de cette mesure !
Bonjour,
Lorsque vous évoquez la suppréssion des « contrôleurs », il serait plus exact de faire état d’agents SNCF chargés de la sécurité à bord des trains (sécurité et non sûreté) et devant intervenir en cas d’incident ayant trait à la sécurité des trains (signalisation etc..).
La dénomination » Contrôleur » n’est plus d’actualité car si nous devons comptabiliser le nombre de contrôles de titres de transport vérifiés par ce personnel, il est vrai que la fraude ne risque pas de baisser !!!
Si nous ajoutons le second agent « B » devenu obligatoire sur la majorité des trains de la ligne Paris Beauvais, nous n’avons pas plus de contrôles effcetués des titres de transport.
Alors OUI, cette ligne coûte cher !! Alors bien sûr , il était tout a fait logique de faire des économies sur cette ligne pour laquelle il est institué un double personnel !!
Bonsoir,
Nous utilisons souvent le terme « contrôleur » car il est compris par tous.
La présence de deux contrôleurs, qui était effectivement très courante sur la ligne, permettait un contrôle efficace dans les trains moyennement remplis (entre Persan et Beauvais en période creuse ou contre-pointe). Les ASCT avaient bien souvent juste le temps de contrôler l’ensemble des voyageurs malgré le nombre de PV important (taux de fraude très élevé sur ces trains).
Si une minorité de chefs de bord ne fait pas correctement son travail de lutte anti-fraude, cette dernière étant bien l’une des prérogatives des ASCT, c’est à l’encadrement de prendre ses responsabilités.
« Grâce » à cette réforme, ces trains ne seront plus que très rarement accompagnés. On peut donc s’attendre à une généralisation de la fraude puisque les voyageurs peux scrupuleux comprendront très vite que pas de brigade (facilement repérable) = pas de contrôle, alors que la présence systématique du chef de bord impliquait un contrôle possible dans n’importe quel train.
Par ailleurs, je ne comprends pourquoi vous soulignez l’intérêt du chef de bord en terme de sécurité pour conclure qu’il est normal de les supprimer pour faire économies.
Trouvez-vous normal que les économies soient faites au détriment de notre sécurité ?
Cordialement.