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Réforme ferroviaire : les préoccupations des usagers

31 mars 2018 | Posté par Alexis dans Actualités

LUTECE et la FNAUT Hauts-de-France ont déjà exprimé leur vive inquiétude quant aux préconisations du rapport Spinetta qui est centré sur la question financière et qui fait fi de la dimension environnementale, de l’aménagement du territoire et du service à la population.

Les décisions du gouvernement s’appuient largement sur les conclusions de ce rapport, ce qui n’est de bon augure pour l’avenir du ferroviaire dans notre région.

Les petites lignes toujours menacées

Les déclarations du Premier Ministre, qui a écarté d’emblée les recommandations les plus néfastes de J.C. Spinetta quant à l’avenir des « petites lignes » ne suffisent pas à rassurer les usagers : Les Régions ne pourront pas sauver ces lignes qui ont été négligées par RFF et par la SNCF sans participation financière de l’Etat.
Leur entière dévolution aux Régions qui manquent d’argent revient à les condamner sans en assumer la responsabilité !

Le fardeau de la dette

La dette du réseau ferroviaire provient d’une part des investissements décidés par l’Etat dans la grande vitesse et d’autre part de l’entretien des lignes qui était anciennement pris en charge intégralement par la SNCF puis RFF alors que les routes étaient payées directement par les collectivités.
Elle constitue en cela une dette d’Etat et est une source de concurrence inéquitable entre les modes routiers et ferroviaires.

La Ministre E. Borne a déclaré que l’Etat prendrait ses responsabilités en la matière. Or, aucun engagement précis n’a été pris en ce sens. Le système ferroviaire a pourtant besoin d’être délesté du fardeau de la dette pour repartir sur de bonnes bases : c’est l’une des conditions pour permettre la modernisation indispensable des lignes et une baisse des péages de nature à favoriser le développement de l’offre.

Ouverture à la concurrence des TER, de quoi parle-t-on ?

LUTECE juge que l’introduction de la concurrence pour l’exploitation des trains TER peut être positive, à condition qu’elle soit mise en place sur le modèle des transports urbains sous forme de délégation de service public. Concrètement, la tarification, l’offre, le niveau de service à bord des trains et dans les gares resteraient définis par les Régions, avec un cahier des charges exigeant et un contrôle continu de sa réalisation, en partenariat avec les usagers.

En effet, la fin du monopole obligera SNCF Mobilités et ses challengers à se battre pour obtenir et conserver des contrats. Les entreprises ferroviaires devront pour cela améliorer la qualité du service fourni (maintenance du matériel, information, rigueur d’exploitation…) et réduire les coûts d’exploitation au moyen d’une organisation plus souple et plus adaptée aux enjeux locaux.
Des coûts d’exploitation plus raisonnables pourront permettre aux Régions de relancer le développement de l’offre et les investissements. Elles auront ainsi des alternatives à SNCF Mobilités pour exploiter les lignes menacées, pour lesquelles l’entreprise historique n’a pas d’ambition, si ce n’est d’y mettre ses autocars !

Place aux intérêts des usagers !

Les usagers sont évidemment d’accord sur le fait qu’il faut réformer la SNCF puisqu’ils constatent au quotidien que la qualité de service se dégrade : pannes à répétition, retards incessants, trains sous capacitaires etc.

On constate malheureusement que le sujet le plus souvent mis en avant, aussi bien côté Gouvernement que côté syndicats est la suppression progressive du statut des cheminots.
Or, ce sujet ne concerne que très marginalement le service aux usagers et occulte les sujets primordiaux : amélioration de la qualité de service et des conditions de transport, financement de la rénovation du réseau dans son ensemble, droits des usagers et conditions tarifaires, etc.

Si nous respections le droit de grève et partageons les inquiétudes des cheminots sur certains points de la réforme et comprenons en partie leur mécontentement, nous regrettons vivement les modalités d’action choisies.
Ce sont avant tout les utilisateurs du quotidien, qui subissent déjà à longueur d’année des conditions de transport déplorables et une fiabilité plus qu’aléatoire, mettant en péril leur vie professionnelle et familiale qui vont payer le plus lourd tribut. C’est en particulier les travailleurs précaires, les étudiants qui n’ont pas d’autre moyen de transport que le train qui vont être les plus pénalisés.

L’expérience montre de plus que chaque grève de deux jours dure de fait 4 jours. Des responsables syndicaux ont d’ailleurs exprimé clairement la volonté de perturber le service sur l’ensemble des trois mois de grèves. Nul doute que la stratégie choisie dans ce bras de fer entre le gouvernement et les cheminots va aggraver dangereusement la situation d’un service ferroviaire déjà mal en point !

LUTECE attend du gouvernement que de véritables négociations soient engagées afin de limiter la durée des grèves et la gêne insupportable qu’elles entraînent pour les voyageurs.

Afin de limiter au maximum les difficultés des usagers, nous demandons au Conseil Régional d’exiger de la SNCF :

  • Une information des usagers sur le plan de transport mis en place en cas de grève affichée 24h avant le début du mouvement et non à 17h le soir précédent comme c’est souvent le cas, ce qui ne permet pas de s’organiser.
  • Un dédommagement des usagers, abonnés et occasionnels, en fonction des préjudices subis
  • La possibilité pour les usagers de suspendre leur abonnement sans conditions ni pénalités

 

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